Chapitre 1 : Une longue parenthèse avant l'installation à Bangkok...

Mon histoire avec la thaïlande remonte à loin. En juillet 2008, en bande organisée, 12 personnes je crois de mémoire, nous sommes partis pour 3 semaines. Je ne vous raconterais pas ce qui s'est passé là bas, la règle étant aux yeux de tous que ce qui se passe en Thaïlande, reste en Thaïlande. L'expérience fut épique.

Toujours est il que je suis rentré un 31 juillet je crois à Rennes... Et j'ai rouvert un premier oeil début septembre. J'ai eu toutes les peines du monde à me réadapter. J'étais en état de choc pendant 4 semaines. J'avais un peu voyagé avant dans des pays. Mais là, c'était différent. Je suis resté un mois à me demander ce que je foutais en France. J'étais fou amoureux de la femme avec qui je vivais à cette époque. Je me suis donc calmé et j'ai repris mon cours.

Mais la vérité, c'est que je ne suis jamais vraiment rentré en France. A partir de ce moment là, j'ai cherché à me casser. A la même époque, je l'ai déjà écrit, Nicolas Sarkozy, le cher président communiquant, baisse littéralement son froc devant le premier conflit avec les fonctionnaires. La crise financière débute sur les subprimes pendant que les français déconnectés de l'économie n'y voient que du feu. La déflation rôde. Lorsque je regarde l'avenir, je ne vois que crétin de politiciens, hausse d'impôts et absence de croissance. Il me semble impératif de quitter le navire. Surtout que la crise financière a calmé la chasse aux sorcières sur un plan fiscal. On peut à cette époque filer en douce sans rien faire de spécial à part se barrer et tout fermer ! J'ai ouvert à Hong Kong en 2009 les doigts dans le nez, mon pifomètre économique ayant toujours fonctionné. Aujourd'hui, il faut voir le bordel que c'est pour avoir un compte bancaire à Hong Kong !

Bref, il est temps pour moi de changer de vie pour de bon !

Je suis retourné en Thaïlande à de nombreuses reprises. J'ai continué à voyager dans de nombreux autres pays à explorer une solution d'expatriation. J'avais envie d'expériences pour juger et prendre du recul, apprécier les atouts et faiblesses des options. Mais je revenais toujours chez les Thaïs entre mes explorations !

En moyenne, j'ai passé un mois par tranche de 12 mois glissants sur le sol Thaïlandais pendant toutes ces années.

Je vais faire un raccourci commode. Je ne vais pas dire pourquoi j'ai misé sur le Costa Rica en 2009, pourquoi j'ai acheté mes 5 hectares. Résumons cela à "j'ai trahi l'opinion de mon coeur" et à "l'homme n'est pas vraiment libre contrairement à ce qu'il aime croire". C'est commode, j'en conviens.

La première phase d'installation aura été tellement intense la bas que je n'ai pas eu le temps de bien jauger ce que je faisais. J'ai assisté à la destruction d'un pan entier de ma vie. Tout est parti en couille en même temps, de tous les côtés. La claque a été monumentale.

Je me suis reveillé dans ma maison au Costa Rica deux ans plus tard, sonné. Je suis parti en mai 2011 à Bangkok pendant presque un mois pour tenter d'y voir clair.

Ensuite, j'ai voyagé à la dérive totale, passant d'un pays à l'autre, en mouvement perpétuel, paumé de chez paumé. J'ai traîné à Prague pour voir si je pouvais y faire une base arrière, vu que la tronche des tchèques me revient tout particulièrement... Je faisais en permanence des allers et retours avec le Costa Rica pour poursuivre le développement du projet. J'ai détesté Varsovie en Pologne plus que tout le reste.

Novembre 2012, rebelote, je reviens un mois à Bangkok en montant un nouveau commando de trois potes. Les choses se sont alors accélérées bien qu'en toute honnêteté, je n'ai absolument eu aucun contrôle sur les évènements. La vie a choisi pour moi... Ce mois de novembre 2012 fut charnière au niveau perso. Je n'y ai vu que du feu. J'ai trahi pour la deuxième fois de 2012 mon coeur et la dernière fois de ma vie, je l'espère.

C'est en janvier 2013, sur le perron de ma maison au Costa Rica, que j'ai pris la décision de faire du Costa Rica, une double destination et non une principale. Gros changement de stratégie imposé par les évènements. Autrement dit, concrètement, j'ai décidé de revenir à mes premiers amours, la Thaïlande et surtout de ne plus jamais déroger à une règle, celle de trahir ce que j'aimais. Que de temps perdu !

J'ai commencé mes allers et retours entre Ojochal au Costa Rica et Bangkok. 22.000 km. 13h de décalages horaires à assumer. Et j'ai développé une double vie, citadine et campagnarde, dans le monde tropical. Deux expériences de vie parallèle aussi étonnantes l'une que l'autre.

Juin 2013, je passe un nouveau cap. Plus je m'écoute, plus je sens au fond de moi que la Thaïlande est le pays où je vais mourir, celui où je vais passer l'intégralité de ma vie, probablement plus d'années que je n'aurais vécu en France. Quand je marche dans la rue, je perçois une émotion forte perpétuelle depuis des mois que je suis enfin à  ma place dans le monde. Je suis chez moi à Sukhumvit. Drôle de sensations. Drôle de certitude ! Je suis en vrac à titre perso. Mais je sais où je veux vivre sans aucune hésitation.

J'en ai vu des pays. Des villes. Des gens. Des religions. Des bouffes différentes. Des femmes différentes. Mais Bangkok, soi 8 à Sukhumvit, endroit que j'ai découvert en juillet 2008, c'est l'épicentre. L'endroit à partir duquel je tourne autour. Cette rue, la soi 8, c'est un mystère d'attraction pour moi.

La France, plus jamais. Dans le monde de l'expatriation, il y a clairement deux groupes, ceux qui se disent qu'ils rentreront au pays pour finir leur vie et ceux qui au contraire sont persuadés qu'ils n'y remettront plus jamais les pieds. J'appartiens au deuxième groupe.

Tout va s'enchaîner facile comme à chaque fois dans ma vie quand j'accepte de pisser dans le sens du vent (donc de l'absence de liberté humaine). Je visite par hasard un premier appart qui est bien au delà de mon budget mensuel de location : loyer de 3000 euros par mois. Surface = 400m². Jacuzzi dans la chambre principale. Une vue dégagée des deux côtés de l'immeuble. Le plateau fait 17m par 23m de long ! Des prestations luxueuses, même si je découvre stupéfait dans ma rue fétiche de la soi 8, un énorme 800m² à 5000 euros par mois, avec un niveau de finition éblouissant.

Je visite une dizaine d'autres biens. Au bout d'une semaine, absolument aucune envie de vivre dans aucun des apparts visités. Sauf bien évidemment, le premier.

A cette époque, cela fait plus de deux ans que j'ai levé le pied au niveau boulot. Je suis à l'arrêt. J'ai besoin de me faire peur pour me refoutre à bosser et gagner du blé. Je signe le 400m².

Un nouveau copain français de Bangkok me branche un shipping ultra compétitif pour un container. Je file en France entasser les affaires qui traînent depuis des années dans un garde meuble et je ramène le tout à Bangkok pour la somme de 7700 euros, départ garde meubles à Rennes, transport jusqu'au Havre, 40 jours de mer, arrivée en Thaïlande sans passer par la douane (donc corruption de fonctionnaires), puis enfin, transport et installation à Bangkok.

L'installation en Thaïlande démarre. Très bizarrement, j'ai toujours attaché beaucoup d'importance à mon lieu de vie et son confort. Le fait de savoir que je vais traîner sur zone pendant 40 ans modifie complètement ma perspective. Je ne vais pas gérer mon installation pour la première fois de ma vie. Je vais y aller très très mollo au fil des mois. Je lézarde. J'escargote... Encore aujourd'hui, 15 mois plus tard, j'ai toujours pas fini mon bureau. Je n'ai plus envie de tester et de bouger. Je n'irais pas vivre ailleurs. Du coup, je prends mon temps avant de faire les choses.

J'ai moins d'appétit pour les voyages. J'ai juste en ligne de mire le Japon qui me fascine et la grande Allemagne, puissant rouleau compresseur depuis un siècle que j'ai envie d'aller sniffer.

Je projette d'établir mon système de double vie entre la campagne tropicale à Koh Samui et Sukhumvit (Bangkok dépasse les 10 millions d'habitants, chaque quartier est une vraie ville, différente, Sukhumvit étant la zone la moins Thaïlandaise de toute la Thaïlande...) pour la partie citadine. Mais je n'ai encore rien fait de concret. Il faut dire que les fonctionnaires du Costa Rica me bloquent bien avec l'électricité depuis maintenant 9 mois. Ils m'ont coincé comme un rat. J'ai pas mal d'argent bloqué du coup entre l'achat des 5 hectares et la construction et entretien de 4 maisons.

5 ans de vie d'expatriés modifie le fonctionnement français de l'esprit. La vie en France est un tourbillon qui au final, vole le temps, la denrée la plus précieuse de notre vie. On fait tout un tas de trucs sur le moment, et au bout de quelques décennies, on s'aperçoit qu'on s'est fait voler sa vie. Il faut adopter la vie des pays émergents où on ne vise pas plus loin qu'un horizon 24h. S'agiter, construire, contrôler, s'épuiser, ne rend pas plus heureux. Il y a du bon dans la tronche des français. Mais il faut contrebalancer cela avec une bonne dose de vie à horizon 24h pour obtenir le meilleur des deux mondes.

Je n'ai pas pu résister à prendre un nouveau 4 pattes. Le douzième. Mon premier chat, je l'ai eu en 2002. Ce numéro 12, 12 ans plus tard après le premier, est une méga star. C'est probablement le meilleur chat aussi de tous mes chats. Méga star, car toutes les nanas se l'arrachent. La femme de ménage a du diviser sa productivité par deux depuis que le roi est apparu. Elle passe plus de temps à le câliner et à jouer avec qu'à nettoyer... Il faut dire que c'est une machine. Il est capable de se faire tripoter une heure par une thaïe. Puis, la femme de ménage arrive. Il fonce passer deux heures avec. Et dès qu'elle a franchi le pas de la porte, il revient me voir en courant pour encore plus de câlins. Une machine, un robot increvable.

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Lu 1178 fois Dernière modification le lundi, 08 juin 2020 18:02

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